Teotihuacan demeure à coup sûr l’un des sites les plus prestigieux de l’Amérique centrale précolombienne. La « demeure des dieux » selon le nom qui fut donné au lieu par les Aztèques est en fait antérieure aux migrations qui donnèrent à ces derniers le contrôle du Mexique. Etudié et fouillé depuis 1866, le site n’en conserve pas moins une bonne partie de son mystère, dans la mesure où les hommes qui édifièrent ces monuments ignoraient aussi bien la métallurgie que l’écriture.
A son apogée, la ville s’étendait sur plus de vingt kilomètres carrés et comptait sans doute près de deux cent mille habitants. Un gigantesque centre cérémoniel était entouré par des quartiers résidentiels alors que des faubourgs populaires s’étendaient à sa périphérie.
La ville était un véritable centre « industriel » où l’on fabriquait en quantité outils et armes d’obsidienne et où la céramique était également en honneur. Près de quinze mille structures correspondant à des habitations, des magasins ou des petits sanctuaires ont été identifiés mais l’ensemble le plus impressionnant demeure le centre cérémoniel, traversé par une immense voie large de quarante mètres et longue de dix-sept cents, qui aboutit à une place encadrée de plateformes à degrés et dominée par la pyramide de la Lune, haute de quarante-deux mètres, formée de cinq terrasses superposées sur une base de 150 m sur 120 m. A l’intérieur de la Ciudadela, une enceinte de quatre cents mètres de côté, se dresse le temple de Quetzalcoatl appelé à devenir le grand dieu des Aztèques. La pyramide du Soleil qui s’élève à 63 m de hauteur est formée de cinq assises dont la base rectangulaire mesure 225 m sur 222 m.
Les fouilles ont livré un mobilier très important, ainsi que des peintures figurant des récits mythiques relatifs à Tlaloc, le dieu de la pluie des Aztèques, à moins qu’il ne s’agisse d’un ancêtre local. Dès le IIIe siècle, le panthéon mexicain est déjà en place et la pratique des sacrifices est déjà courante. Certains imaginent plutôt les hommes de Teotihuacan comme des héritiers de la civilisation olmèque. Le site fut évacué au début du VIIe siècle, sans doute à la faveur d’une incursion barbare venue du nord, apparemment cinq siècles après son émergence dans la nébuleuse des civilisations « classiques » de l’aire méso-américaine.
Demeurée à beaucoup d’égards mystérieuse, la civilisation qui s’est développée au nord de la vallée de Mexico pose encore aujourd’hui de nombreuses questions, au moment où la gigantesque mégapole mexicaine rejoint l’un des lieux où souffla l’esprit, si étrange pour nous de l’Amérique précolombienne.
Fonte: Www.clio.fr 08/01/2007
Cronologia: Arch. Precolombiana